Cette victoire d’Obama est, sans conteste, un pas énorme dans la marche en avant de la démocratie. Pas parce que les ânes l’ont emporté sur les éléphants, nous, Européens, n’avons jamais rien compris aux subtilités de la politique américaine. Mais il faut voir cet événement avec les yeux tournés vers l’Histoire et penser que l’Histoire avec un H c’est nous qui la vivons, qui la créons.
On n’a cessé de mettre en avant le fait qu’Obama était noir: oui, il l’est selon la conception américaine, il ne l’est pas selon notre conception. Alors, jetons un œil sur cette notion fallacieuse du racisme et replaçons les événements dans leur contexte.
Si je regarde en arrière, du haut de mes 68 ans!, que puis-je raconter à propos du racisme?
Mon premier noir, je l’ai rencontré sur le marché à Manage. J’imagine qu’il venait d’Afrique, sans doute de notre colonie (le Congo belge). Il était sympathique au possible et il nous vendait du carabouilla (encore plus noir que lui!). Une merveille pour nous les gosses qui sortions de la guerre et qui ignorions tout des bonbons et autres sucreries.
Le deuxième, c’était un Portoricain: lui aussi est indirectement lié à la guerre dans ma mémoire. Il faisait partie du contingent américain venu nous libérer et était tombé amoureux d’une amie d’enfance de ma mère. Mariage heureux, de beaux enfants. Rien que de très normal à mes yeux.
1952, 6ème latine: je pleure toutes les larmes de mon corps en lisant La case de l’oncle Tom (Uncle’s Tom cabine) de Harriet Beecher-Stowe. Je ne crois pas qu’à l’époque j’aie su que ce livre était vieux de 100 ans. Finalement, qu’importait que ce livre ait été publié en 1852. Même si l’on ne savait pas trop ce qui se passait alors aux USA, on n’ignorait pas qu’en Afrique du Sud existait encore l’apartheid et que les noirs étaient relégués dans les townships.
1958: en rhéto, un professeur de français, particulièrement raciste, avait un jour posé la question: seriez-vous prêts à épouser un / une partenaire de couleur? Nous étions dans une école mixte, une particularité à l’époque…
Je fus la seule à lever la main car pour moi cela paraissait naturel.
Après cela, je l’entends encore me dire: et vos enfants, vous les voyez comment, noirs à points blancs ou blancs à points noirs?
Sans le savoir, ce professeur venait de faire naître une révolutionnaire…
1962: parution de Dans la peau d’un noir (Black like me) de John Howard Griffin,
Et avec cette lecture, découverte que si l’esclavage avait disparu, la ségrégation raciale était bien vivante. Ce qui signifie que parmi les électeurs d’Obama, il existe encore des gens qui ont vécu cette époque. Si vous ne connaissez pas ce livre, c’est le moment de le lire pour mesurer le chemin parcouru.
L’année suivante, le 28 août, c’est le fameux discours I have a dream (J'ai un rêve) de Martin Luther King.
Si vous ne le connaissez pas, il est disponible sur le site de Wikipédia. Je ne me suis jamais préoccupée de savoir s’il était au programme officiel, mais je l’ai inclus d’office dans mon cours de rhéto sur l’art oratoire. Ma manière de lutter contre le racisme ordinaire…
Ce I have a dream devient aujourd’hui le yes we can d’Obama.
Une promesse d’un monde plus humain: oui, à 68 ans, je rêve encore.
Je laisse la conclusion à ma correspondante américaine, un slogan qui vaut son pesant d’or:
Rosa sat so Martin could walk, Martin walked so Barack could run,
Barack ran so our children could fly.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire